Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/292

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ce qui acheva de la faire frémir, c’est qu’on ne prit pas même la peine de lui recommander le silence. Nous sommes perdues, me dit-elle en rentrant ; et elle me raconta ce qui venait de lui arriver. Je voulus la renvoyer à l’instant ; ce serait la même chose me dit-elle ; j’exécuterais, que je perdrais de même la vie ; on me sacrifierait secrètement. Je vais même te quitter fort vîte, afin de ne te point compromettre, si l’on venait à soupçonner que nous nous fussions vues au retour. La malheureuse me quitte. Adieu, Juliette, me dit-elle, nous ne nous reverrons peut-être jamais. Il n’y avait pas deux heures qu’elle m’avait quittée, lorsqu’on vint me chercher de la part de la république. Je suis les sbirres ; j’arrive au palais ; on me fait passer, très-émue, dans une salle isolée, presqu’au comble de la maison. Les sbirres se rangent autour de moi et me gardent. Un grand rideau de taffetas noir partageait cette salle. Deux des inquisiteurs paraissent ; les sbirres sortent. Levez-vous, me dit l’un d’eux, et répondez avec autant de clarté que de précision. Avez-vous connu une femme nommée Durand ? — Oui. — Avez-vous exercée des crimes avec elle ? — Non. — Vous