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a-t-elle quelquefois mal parlé du gouvernement de Venise ? — Jamais. Juliette, dit gravement l’autre juge, vous en imposez dans vos réponses ; vous ne nous instruisez pas autant que nous le sommes ; vous êtes coupable. Tenez, continua-t-il, en tirant le rideau, et me laissant voir le corps d’une femme, pendue au plafond, dont je détournai sur-le-champ les yeux avec horreur, voilà votre complice, c’est de cette façon que la république punit les fourbes et les empoisonneuses. Sortez sous vingt-quatre heures de son territoire, ou voilà le sort qui vous attend demain. Je m’évanouis. Quand je repris l’usage de mes sens, j’étais entre les mains d’une femme que je ne connaissais point, et les sbirres m’entouraient encore. On m’entraîna de cette salle. Allez chez vous, me dit le chef des sbirres, exécutez fidèlement… ponctuellement les ordres de la république. Ne réclamez point contre celui qui confisque vos biens ; c’est-à-dire, seulement ce que vous aviez placé sur Venise, vos meubles et vos bijoux. Partez avec le reste ; ou vous êtes morte, si demain le soleil vous retrouve encore dans la ville. J’obéirai, monsieur, répondis-je, j’obéirai ;