Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour y satisfaire, je descendis tout naturellement chez une célèbre maquerelle dont on m’avait donné l’adresse, et qui me fournit, pendant les quinze jours que je passai chez elle, tout ce qui pouvait, dans l’un et l’autre sexe, satisfaire amplement mes desirs.

Ne voyant plus aucun danger pour moi de retourner à Paris, puisqu’il y avait long-tems que le ministre qui m’en avait chassée, n’était plus au monde, je me déterminai d’y rentrer ; j’en fis part à Noirceuil, et j’attendis sa réponse. Enchanté de me revoir, ce cher et bon ami m’assura que je lui ferais grand plaisir en venant lui montrer les progrès de son élève. J’écrivis sur-le-champ à l’abbé Chabert, de m’amener ma fille à Paris, dans un hôtel garni que je lui indiquai. Nous y arrivâmes presqu’au même instant. Marianne atteignait sa septième année. Il était impossible d’être plus jolie ; mais la nature était muette en moi ; le libertinage l’avait éteinte. Voilà donc quels sont ses effets ; il semble qu’en s’emparant avec tyrannie d’une ame, il ne veuille y laisser aucun autre sentiment que ceux qu’il inspire ; ou que, si par hasard en dépit de lui, quelques autres parviennent à nous pénétrer,