Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/297

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sieurs fois à Paris, depuis mon absence, me remit au courant, et se chargea du soin de déplacer mes fonds de Rome, pour en acquérir ici les deux belles maisons de ville et de campagne que vous me connaissez.

Dès le lendemain, je fus trouver Noirceuil ; il me reçut avec la plus grande marque de joie, et me trouva, dit-il, fort embellie. Ayant continué de profiter de la faveur du ministre, tant qu’il avait vécu, Noirceuil, depuis mon départ, avait triplé sa fortune, et tout Paris le désignait aux premières places. Juliette, m’assura-t-il, sois bien certaine que je n’y monterai jamais sans t’y élever avec moi ; tu es nécessaire à mon existence ; je n’aime à commettre le crime qu’avec toi, et de délicieux s’offriront à nous, si j’obtiens encore une plus grande somme de crédit que celle très-considérable dont je jouis toujours : il sera donc alors nécessaire de nous entendre pour profiter agréablement de cette veine. Il exigea ensuite le récit de mes aventures ; et quand je vins à lui parler des cinq cents mille francs, que j’étais chargée de remettre à Fontange de Donis, élevée dans un couvent de Chaillot, et qui devait être âgée de dix-sept ans, il m’engagea vi-