Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/313

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c’est le spectacle des malheureux qui doit nécessairement completter notre bonheur, par la comparaison fournie d’eux à nous, il faut donc bien se garder de soulager ceux qui existent ; car en les sortant, par ces secours, de la classe qui fournit à vos comparaisons, vous vous privez de ces comparaisons, et par conséquent, de ce qui améliore vos jouissances ; mais il ne faut pas s’en tenir à ne pas soulager les malheureux, pour se conserver cette classe utile à des comparaisons d’où résulte la plus haute portion de votre bonheur ; il faut en faire toutes les fois que l’occasion s’en trouve, et pour multiplier cette classe, et pour en composer une qui, devenant votre ouvrage, aiguise les délices qui vont résulter pour vous des comparaisons fournies ; ainsi, la jouissance complette ici, serait de vous emparer du bien de cette fille, de la réduire ensuite à l’aumône, de la contraindre, en quelque façon, à la venir demander à votre porte, où vous la lui refuseriez cruellement, afin, en rapprochant ainsi l’infortune de vous, d’améliorer votre jouissance, par une comparaison plus intime et d’autant meilleure, que le désordre procuré devient votre ou-