Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/314

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vrage : voilà ce que je vous conseille, Juliette, voilà ce que je ferais à votre place… je banderais tous les jours à ces délicieuses idées… au spectacle plus divin encore des malheurs que j’aurais causés ; et je m’écrierais, au milieu de ces délicieux plaisirs : oui, la voilà : je l’ai acquise par un crime, elle ; et ce bien dont je payerai des voluptés si douces, tout est crime ; je suis, par ce procédé, dans un état perpétuel de crimes ; il n’est pas un de mes plaisirs qui n’en soit souillé ; et avec votre imagination, Juliette, oh, comme cette complication doit être divine !

Noirceuil bandait beaucoup en terminant sa disgression, et comme nous n’avions encore rien fait ensemble depuis mon retour, nous nous jetâmes sur un canapé. Là, je lui avouai que j’étais bien loin d’avoir balancé sur le sort de cette petite fille ; et que ce que je lui en avais dit, n’était que pour lui donner occasion de mieux développer ses systêmes. Je lui promis cette jeune personne, en l’assurant que, quelqu’intéressante qu’elle pût être, nous la livrerions bien sûrement au sein de la plus déplorable misère, après en avoir tiré tout ce que