Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/321

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violence, que la moribonde ouvrit enfin les yeux. Où suis-je, s’écria-t-elle, et qu’ose-t-on entreprendre ? Un peu de patience, mon enfant, répondis-je assez durement, et l’on aura bientôt de vous tout ce que l’on en veut… Mais on me fait des choses… — Que jamais n’entreprit votre époux, n’est-ce pas ? — Jamais, jamais ; cette horreur me fait frissonner. Songez-donc, madame, dit le féroce Noirceuil, enculant toujours, qu’il ne s’agirait que de couper la cloison qui sépare, pour rendre absolument nulle l’action contre laquelle vous vous récriez ; et si vous voulez, Juliette, avec un rasoir… — Fouts, fouts, Noirceuil, tu commences à déraisonner ; et la petite femme se débattant toujours : oh ! lâchez moi, c’est une violence, c’est une abomination… Double putain, dit Noirceuil, s’armant d’un pistolet, dont il lui met le bout sur la tempe ; si tu me déranges… si tu dis un mot, tu es morte. C’est alors que la malheureuse conçoit que la résignation est son seul lot ; elle abbaisse sur mon sein sa belle tête en larmes, je lui pince la motte, je la lui épile, je lui occasionne, en un mot, des douleurs si vives que Noirceuil, serré dans cet