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vaillent absolument que pour moi dans Paris, et chez lesquelles, quand je suis à la ville, je me rends trois heures tous les jours. À la campagne, elles m’envoient ce qu’elles découvrent, et vous avez souvent pu juger de leurs fournitures. Peu de femmes, d’après cela, doivent donc se flatter de jouir plus délicieusement de la vie ; et cependant, je desire toujours ; je me trouve pauvre ; mes desirs sont mille fois supérieurs à mes facultés ; je dépenserais le double, si je l’avais ; et il ne sera jamais rien que je ne fasse pour augmenter encore ma fortune : criminel ou non, je ferai tout.

Dès que ces divers arrangemens furent pris, j’envoyai chercher mademoiselle de Donis à Chaillot : je fis payer sa pension, et la retirai. Rien, dans la nature entière, n’était aussi joli que cette fille. Représentez-vous Flore elle-même, et vous n’aurez encore, de ses grâces et de ses attraits, que la plus imparfaite idée. Âgée de dix-sept ans, mademoiselle de Donis était blonde ; ses cheveux superbes la couvraient en entier ; ses yeux étaient du plus beau brun ; on n’en vit jamais de plus vifs, ils pétillaient à-la-fois d’amour et de volupté ; sa bouche