Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/326

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délicieuse ne paraissait s’ouvrir que pour l’embellir encore ; et ses dents, les belles du monde, ressemblaient à des perles qu’on avait semées sur des roses. Nue, cette superbe fille eût pu servir de modèle aux grâces. Quelle motte rebondie ! quelles cuisses rondes et appétissantes ! quel sublime cul ! O Fontanges ! qu’il fallait être à-la-fois cruelle et libertine, pour ne pas faire grace à tant d’attraits, et pour ne pas t’excepter, au moins, du sort rigoureux que je destinais à toutes mes jouissances.

Prévenue depuis cinq ans, par sa mère, de me rendre tous les respects et tous les soins possibles, aussi-tôt qu’elle sut que c’était moi qui l’envoyais prendre, elle se félicita intérieurement de ce bonheur ; et en arrivant, éblouie de ce faste, de cette multitude de valets, de femmes, de cette magnificence de meubles dont elle n’avait encore aucune idée, n’étant jamais sortie de son couvent, elle s’imagina voir l’Olimpe, et se crut transportée, toute vive, dans le séjour azuré des Dieux : peut-être même me prenait-elle pour Vénus. Elle se jette à mes genoux ; je la relève ; je baise sa jolie bouche de rose, ses deux grands yeux et ses deux