Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/339

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t’épousera comme homme, et ta fille qui, revêtue des habits du sien, t’épousera en secondes nôces, lorsque toi, tu seras vêtue en homme. Mon époux et ma femme à moi, les voici : deux enfans, Juliette, oui, deux enfans que tu ne me connais pas, et que personne au monde ne connaît : l’un a près de dix-huit ans, c’est mon époux ; il est vigoureux et beau comme Hercule : l’autre a douze ans, c’est l’amour. Tous deux sont les fruits de nœuds très-légitimes ; l’un est de ma première femme, l’autre de ma sixième : tu sais que j’en ai eu huit ? — Mais vous m’aviez dit, ce me semble, qu’il ne vous restait plus d’enfans ? — Ils étaient morts au monde ; on élevait, par mes soins, l’un et l’autre, dans un de mes châteaux, au fond de la Bretagne, et jamais ils n’ont vu le jour : ils viennent d’arriver en mon hôtel, dans une chaise fermée ; ce sont de vrais sauvages, à peine savent-ils parler ; qu’importe : bien menés, ils serviront à la cérémonie ; le reste est notre affaire. — Et d’affreuses bacchanales suivront sans doute une fantaisie extraordinaire ? — Assurément. — Et vous voulez, Noirceuil, que ma malheureuse Marianne, que j’adore, devienne sans doute une victi-