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me de ces épouvantables orgies ? — Non, me dit-il, elle y sera, c’est tout ce qu’il faut à ma luxure ; mais tu peux être bien certaine qu’il ne lui sera fait aucun mal : tes femmes l’amuseront pendant que nous serons à l’ouvrage ; voilà tout… J’accepte tout ; et l’on va voir comment le scélérat tint parole.

Ce ne fut pas sans peine que je fis comprendre à mademoiselle de Donis, le bisarre arrangement de cette scène : la vertu s’arrange mal des extravagances du vice. Moitié crainte, moitié complaisance, la malheureuse consentit à tout, sous ma parole la plus sacrée, que le dénouement de ces nôces scandaleuses n’aurait rien qui pût allarmer sa pudeur. La première cérémonie se faisait dans une petite ville, éloignée de deux lieues du château magnifique que Noirceuil possédait en Orléanais, et dans lequel devait se célébrer la fête ; la seconde, dans la chapelle même de ce château.

Je ne vous ennuierai pas des détails de cette double fonction ; vous saurez seulement que tout s’y passa avec décence, rigueur et ponctualité ; la partie civile s’exécuta avec autant de respect que la partie