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religieuse. Il y eut des anneaux, des messes, des bénédictions, des dots constituées, des témoins : rien ne manqua. Les plus savantes toilettes déguisèrent artistement les sexes, et les embellirent quand il le fallut.

À deux heures du soir, le double projet de Noirceuil fut rempli ; et comme il se trouvait à-la-fois l’épouse de l’un de ses fils, le mari de l’autre, je me trouvais de même le mari de ma fille, et l’épouse de Fontanges. Tout étant conclu, les portes du château se fermèrent avec soin. La saison étant très-rigoureuse, d’ardens brâsiers furent allumés dans la superbe salle où nous devions nous tenir ; et les ordres les plus sévères étant donnés pour qu’on n’osât troubler en rien es bacchanales qu’on allait célébrer, nous nous enfermons dans cet appartement pompeux, au nombre de douze personnes, dont voici les noms :

Noirceuil et moi, comme les deux héros, nous nous plaçâmes sur un trône de velours noir, au milieu de la salle ; au bas du trône, se voyaient, couronnés de cyprès, l’aîné des fils de Noirceuil, nommé Phaon, âgé de dix-huit ans ; le second, âgé de douze, ayant pour nom Euphorbe ; Marianne, ma