Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/358

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deux fils : on dirait, à le voir, qu’il voudrait les immoler tous à-la-fois.

Infâme jean-foutre de Dieu ! s’écrie-t-il, ne borne donc pas ainsi ma puissance, quand je veux t’imiter et commettre le mal ; je ne te demande aucune faculté pour la vertu, mais communique-moi du moins tous tes pouvoirs pour le crime, laisse-moi le faire, à ton exemple ; mets, si tu l’oses, un instant ta foudre en mes mains, et quand j’en aurai détruit les mortels, tu me verras bander encore à la lancer au sein de ton exécrable existence pour la consumer si je puis.

Il se jette, à ces mots, sur son fils Phaon, l’encule, se fait foutre, et m’ordonne, en me faisant branler par Théodore, d’arracher le cœur de l’enfant qu’il fout, et de le lui offrir à dévorer ; le vilain l’avale en plongeant au même instant de sa décharge un poignard au sein de son autre fils.

Eh bien, me dit-il, Juliette ! eh bien, mon ange ! en ai je assez fait ? suis-je assez souillé de sang et d’horreurs ? — Tu me fais frémir, mais je t’imite. — Ne crois pourtant pas que j’en reste là. Ses yeux étincelans se reportent encore sur ma fille ; il bande comme un furieux ; il la saisit, la fait con-