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une ame pendant tout le tems qu’avait durée cette expédition. Dès que nous fûmes au logis, un second homme nous aida à enfouir les malles, et y fut enfoui lui-même dès qu’il ne nous devint plus nécessaire.

Inquiètes, fatiguées, soucieuses d’être si riches, nous nous couchâmes cette fois-ci sans songer aux plaisirs. Dès le lendemain, les bruits du vol fait au roi, se répandirent dans la ville ; nous profitâmes de ce moment favorable pour lui faire tenir le billet de la reine, avec tout le mystère imaginable. À peine l’a-t-il lu, que se livrant au plus affreux accès de colère, il vient lui-même arrêter sa femme, la confie au capitaine de sa garde, avec l’ordre exprès de la conduire au fort St.-Elme, où il la condamne en secret à l’habillement le plus grossier, et à la nourriture la plus simple ; il est huit jours sans la voir. Elle le fait presser de venir ; il paraît : la scélérate avoue tout, et nous compromet de la plus affreuse manière ; Ferdinand accourt furieux à notre hôtel, et comme cette conversation est intéressante, je vais la rendre en dialogue.

Ferd. Vous êtes coupables d’une horreur ! dois-je la soupçonner dans celles que j’ai