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crues mes amies ? — Clair. De quoi s’agit-il ? — Ferd. La reine vous accuse d’avoir dérobé mes trésors. — Jul. Nous ? — Ferd. Vous. — Clair. Quelle vraisemblance ! — Ferd. Elle est convenue d’avoir un moment comploté contre mes jours, et elle assure que vous lui avez promis le poison nécessaire pour me les ravir, si elle pouvait payer ce don, de mes trésors. — Clair. Avez-vous trouvé chez elle le poison qu’elle dit avoir payé si cher ? — Ferd. Non. — Jul. Comment se peut-il, en ce cas, quelle ait consenti à livrer les sommes avant que d’avoir le poison promis ? — Ferd. C’est ce que j’ai pensé. — Clair. Sire, votre femme est une coquine, mais une coquine bien maladroite ; nous sachant liées avec vous, elle a cru déguiser son infamie, en faisant porter sur nos têtes toute l’horreur de son exécrable projet, mais la trame est trop mal ourdie. — Ferd. Qui peut m’avoir enfin envoyé ce billet ? — Jul. Assurément, ceux qui ont vos trésors : mais soyez persuadé qu’ils sont loin ; ceux qui vous ont envoyé ce billet étaient à couvert, quand ils vous ont instruit, et c’est pour les sauver que la reine nous nomme. — Ferd. Mais quel intérêt