Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/59

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la surprise, et nous changeâmes de propos, pour ne pas déplaire à une femme qui paraissait ne vouloir pas s’ouvrir davantage. Oh ! parbleu, dis-je à la Durand, puisque je te retrouve, il faut absolument que tu m’apprennes le motif qui te fit disparaître aussitôt de Paris. Pourquoi ne te trouvas-tu point au rendez-vous que tu avais indiqué au comte de Belmor, avec lequel je t’avais fait faire connaissance ? Certes, répondit la Durand, la raison qui m’empêcha de m’y trouver, ne pouvait être meilleure : on me pendait ce jour-là. — Es-tu folle ? — On me pendait, vous dis-je ; le fait est simple, deux mots vont vous l’expliquer. J’avais fourni du poison au jeune duc de… pour trancher les jours de sa mère : des remords vinrent troubler les projets de cet imbécille ; il me trahit ; je fus arrêtée ; mon procès fait dans vingt-quatre heures : mais singulièrement liée avec Samson, j’obtins de lui de n’être pendue que pour la forme. Des éclaircissemens, des aveux, me valurent des délais. Je ne descendis de l’hôtel-de-ville qu’aux lumières. Samson fit un nœud coulant, et m’escamota, Portée au cimetière, un de ses valets m’acheta par ses ordres, et