Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/75

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moi à ces services, s’y prend avec une telle agilité, elle y emploie une si grande adresse, qu’elle me fait à l’instant partir, sous les titillations voluptueuses de sa langue impudique. — Comme tu décharges, cher amour, me dit-elle ; comme tu ressens énergiquement le plaisir ; ah ! tu ne me le cèdes en rien. Il faut que je te l’avoue, Durand, répondis-je, tu m’échauffes étonnamment la tête ; je suis étonnamment glorieuse d’être liée avec une femme comme toi ; maîtresses toutes deux des jours de l’univers entier, il me semble que notre réunion nous rend supérieures à la nature même. Oh ! que de crimes nous allons commettre ! que d’infamies nous allons faire ! — Tu ne regrettes donc plus Clairwil ? — Le puis-je quand je te possède ? — Et si je n’avais inventée toute cette histoire que pour me débarrasser d’une rivale ? — Oh ! quel excès de scélératesse ! — Si je m’en étais souillée ? — Mais, Durand, Clairwil m’a dit que tu lui avais offert de m’empoisonner pour deux mille louis. — Je savais bien qu’elle te le dirait ; je n’ignorais pas non plus que cette confidence de sa part, loin de t’en imposer, ne paraîtrait qu’un piège mal-adroit, qui,