Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/78

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mais comme je t’aime. — Mais quand tes feux seront éteints, tu me traiteras sans doute comme tu viens de traiter Clairwil… aurai-je le tems de me défendre ? — Je vais te tranquilliser, mon ange, et répondre énergiquement à tes injustes soupçons : écoute-moi. J’exige que tu conserves à jamais l’une de tes femmes, Elise ou Raimonde ; choisis, je ne te laisserai pas l’autre, je t’en préviens. — Mon choix est fait, je garde Raimonde. Eh bien ! poursuivit Durand, si jamais Raimonde périt d’une manière tragique, et dont tu ne puisses soupçonner la cause, n’en accuse que moi ; j’exige maintenant que tu laisses un écrit dans la main de cette fille, qui l’autorise à me dénoncer comme ton assassin, si jamais tu péris toi-même d’une manière malheureuse pendant notre liaison. — Non, je ne veux point de ces précautions, je me livre à toi, je m’y livre avec délices ; j’aime l’idée de mettre ma vie dans tes mains… laisse-moi Elise, laisse-moi tout le monde, ne gêne pas mes goûts : je suis libertine, je ne te promettrai jamais d’être sage, mais je te ferai le serment de t’adorer toujours. — Je n’ai pas envie de te tyranniser ; au contraire, je ser-