Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/77

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souffrir de rivale… Tu triomphes scélérate, dis-je à la Durand, en me précipitant sur son sein, oui, tu triomphes complettement, et je t’idolâtres au point que si ce crime était à refaire, je le ferais sans qu’il fût besoin du motif dont tu l’étayes… Et pourquoi ne m’avoir pas déclaré ton amour à Paris ? — Je ne l’osai devant Clairwil, et quand tu revins me voir sans elle, l’homme que tu me conduisais me gênat ; la seconde fois je n’y étais plus ; mais je ne t’ai jamais perdue de vue, ma chère et tendre amie, je t’ai suivie à Angers, en Italie, tout en faisant mon commerce : je t’avais toujours sous les yeux ; mon espoir disparut en voyant tes différentes liaisons avec les Donis, les Grillo, les Borghèse, et je me désespérai bien plus encore quand je sus que tu avais retrouvée Clairwil ; enfin je t’ai suivie de Rome ici, et lasse d’être si long-tems contrariée, j’ai voulu dénouer l’aventure : tu vois comme j’ai réussi. — Inexplicable et délicieuse créature ! on ne porta jamais plus loin la fausseté, l’intrigue, la méchanceté, la scélératesse et la jalousie ! — C’est que personne n’eut jamais ni mes passions ni mon cœur ; c’est que personne n’aimât ja-