Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/84

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ment ; la nature ne m’a fait naître que pour le servir, et je voudrais multiplier à l’infini tous les moyens de le commettre : le métier que je fais et que j’exerce bien plus par libertinage que par besoin, prouve l’extrême desir que j’ai d’étendre le crime ; je n’ai point de passion plus ardente que celle de le propager dans le monde, et si je pouvais l’envelopper tout entier dans mes pièges, je le pulvériserais sans remords. — Et quel est le sexe contre lequel ta fureur libertine complotte avec le plus de plaisir ? Ce n’est pas le sexe qui m’irrite, c’est l’âge… les liens… l’état de la personne ; lorsque ces convenances se trouvent dans un homme, je l’immole avec plus de volupté qu’une femme ; se rencontrent-elles dans une femme, elle obtient aussi-tôt la préférence, — Eh ! qu’elles sont ces convenances, demandai-je ? — Je ne devrais pas te les dire. — Pourquoi donc ? — Tu tireras de ces aveux mille fausses inductions qui gêneront ensuite notre commerce. — Ah ! je t’entends, je conçois l’un des rapports qui échauffent ta tête ; tes faveurs, sûrement, sont des arrêts de mort ? — Ne l’avais-je pas dit ? Écoute-moi donc, Juliette, et tranquillise-toi. Je ne te déguiserai pas, sans