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moment est meilleur, pénétrons. Nous fûmes assez heureuses pour nous placer précisément derrière le confessionnal de la chapelle même où l’on allait descendre cette jeune personne. Nous nous collons contre le mur, et nous voilà à nous chatouiller pendant la cérémonie, en ménageant notre décharge, de façon à ce que s’écoulant au moment où l’on descendrait le cercueil, elle pût, pour ainsi dire, servir d’eau-bénite à la défunte. On ne referma la tombe qu’à demi, et nous vîmes que le fossoyeur, ou avait quelques intentions que nous ne devinâmes pas encore, ou ne voulait peut-être, comme il était tard, ne prendre cette peine que le lendemain. Pardieu ! restons ici, me dit la Durand, il me passe dans la tête un caprice incroyable : tu as vu comme cette petite fille est belle. — Eh bien ! — Nous la sortirons du tombeau, tu me branleras sur sa délicieuse figure, sur cette tête charmante que les ombres funèbres placées sur son front, par mes mains, ne peuvent encore flétrir… As-tu peur ? — Non. — Eh bien ! s’il est ainsi, restons. L’église se ferme, et nous voilà seules.

Que j’aime ce silence lugubre, me dit la