Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/97

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Durand ; comme il convient au crime… comme il échauffe les passions ; il est l’image du calme des cercueils ; et je te l’ai dit, je bande pour la mort, agissons. Un moment, dis-je, j’entends du bruit… et nous regagnons notre coin à la hâte… Oh ciel ! qu’apperçûmes-nous ? Nous étions devancées dans notre projet… et par qui, grand Dieu ? quelle exécrable dépravation !… Le père lui-même venait jouir de son abominable forfait ; il venait le consommer ; le fossoyeur le devançait, une lampe à la main. Remonte-la, lui dit-il, ma douleur est si grande, que je veux encore l’embrasser, avant que de m’en séparer pour toujours. Le cercueil reparaît, le corps en est sorti, puis replacé par le fossoyeur sur les marches de l’autel. Va, sors à présent, mon ami, dit l’incestueux et barbare auteur des jours de cette charmante fille, tu troublerais mes larmes : laisse-moi les répandre à l’aise : tu viendras me reprendre dans deux heures, et je récompenserai ton zèle. Les portes se referment. Oh ! mes amis, comment vous décrire les horreurs que nous vîmes. Il le faut, cependant, ce sont les égaremens du cœur