Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/107

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majorité des voix ; il en sera de même pour le supplice par lequel le sujet périra, »

Eh bien ! dit Jérôme, que l’on mette donc sur-le-champ ma proposition aux voix, et que la victime, pendant la discussion, soit suivant l’usage étendue sur un chevalet, les fesses tournées devant ses juges. Justine est aussi-tôt saisie, garrottée ; ses frayeurs et ses angoisses sont telles, qu’elle entend à peine ce qu’on prononce ; des sujets de luxure entourent chaque moine ; chacun est au milieu de deux filles et d’un garçon ; ce n’est qu’ainsi qu’il peut prononcer ; il faut qu’il bande avant que de donner sa voix ; la doyenne des filles vérifie, tout est en l’air : après un instant de silence, le supérieur met aux opinions les jours de la malheureuse Justine ; mais Jérôme et Clément sont les seuls qui opinent pour la mort ; les quatre autres sont d’avis de s’amuser encore quelque tems de cette fille ; elle est donc remise à sa place ; et pour faire aussi-tôt diversion, Severino attache lui-même sur l’infernale machine la fille de dix-huit ans, celle qui sans doute pouvait passer pour la plus belle de la maison ; elle y est mise sur le ventre ; on la courbe, et ses belles fesses paraissent dans toute leur sublimité. Voici comme