Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/115

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dès-lors que c’est manquer décidément le but que de parler de commisération ? Et qu’importe qu’une putain souffre, quand des gens comme nous bandent ; les femmes, spécialement créées pour nos plaisirs, doivent uniquement les satisfaire, en quelque sens et sous quelque rapport que ce puisse être ; si elles s’y refusent, il faut les tuer commes des êtres inutiles, comme des animaux dangereux ; car il n’y a pas de milieu alors, toutes celles qui ne serviront pas nos voluptés y nuiront ; de ce moment, elles sont nos ennemies : or, ce qu’on doit faire de plus sage dans tous les tems et dans tous les lieux, est de se débarrasser de ses ennemis. Sylvestre, dit Jérôme, il me paraît que tu oublies les principes de la charité chrétienne. J’abhorre, reprit Sylvestre, tout ce qui est chrétien ; un ramas de turpitudes semblables est-il fait pour obtenir le moindre ascendant sur la raison d’un homme d’esprit ? Cette infâme religion, faite pour les mendians, devait les favoriser et mettre d’après cela l’humanité au rang de ses vertus ; mais, sacre-Dieu, mes bons amis, nous qui nageons dans toutes les voluptés de la terre, quel besoin avons-nous d’être bienfaisant ? Cette bassesse n’est permise qu’à celui qui