Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/136

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pour prier sa compagne de la mettre au fait des chagrins et des tourmens auxquels elle devait s’attendre.

Un moment, dit Omphale, il est un premier devoir à rendre dont nous ne pouvons nous écarter. Il faut que je te présente à Victorine ; c’est la directrice des sérails, et qui jouit ici, s’il est possible, d’une plus grande autorité que les moines même ; c’est d’elle que nous dépendons. Instruite de ton arrivée dès hier soir, elle trouverait très-mauvais que ton premier soin, aujourd’hui, ne fut pas de l’aller visiter ; vas mettre un peu plus d’ordre à ta toilette, et reviens me prendre ; je me lève, et vais la prévenir. Justine effrayée de cette nouvelle obligation, exécute pourtant ce qu’on lui recommande ; et après quelques soins, elle revient trouver son amie. La demi-toilette qu’elle venait de faire, l’air abattu, intéressant que lui donnaient ses chagrins et ses fatigues, tout prêtait à cette charmante fille un degré d’intérêt si puissant, qu’il était impossible de la regarder sans être ému, et que, quelque fût le sexe dont elle dût fixer les yeux, elle était toujours sûre d’en recevoir les plus certains hommages. Profitons du moment où Omphale met Justine