Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/167

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ou qu’on en craigne la contagion, au lieu de nous transporter dans une infirmerie, on nous arrache de nos lits, et l’on nous enterre toutes vivantes, parce que, disent ces monstres, il vaut mieux en faire mourir une, que d’en exposer trente, et de courir nous-mêmes les dangers de l’épidémie ; depuis treize ans que je suis ici, j’ai vu plus de vingt exemples de cette férocité ; ils en usent de même pour les garçons ; mais ils sont pourtant un peu mieux soignés ; en général tout cela dépend du plus ou du moins d’intérêt que le malade inspire au régent de fonction, chargé de ces sortes de visites ; pour peu que le sujet lui déplaise, il fait un signe au chirurgien qui délivre aussitôt un certificat d’épidémie, et le malheureux individu à deux pieds de terre sur le nez une heure après.

Passons à l’arrangement des plaisirs de ces libertins, et à tous les détails de cette partie :

Nous nous levons, comme je te l’ai dit, à sept heures en été, à neuf en hiver ; mais nous nous couchons : plus ou moins tard, en raison du besoin que les moines ont de nous, et des soupers où nous assistons. Aussi-tôt que nous sommes levées, le régent de fonction vient faire sa visite ; il s’asseoit