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dans un grand fauteuil ; et là, chacune de nous est obligée d’aller, l’une après l’autre, se placer devant lui, les jupes troussées du côté qu’il aime ; il touche, il baise, il examine et quand toutes ont rempli ce devoir, la directrice approche, elle fait son rapport, les punitions s’imposent, celles qui doivent se subir sur-le-champ, s’exécutent aussi-tôt dans l’appartement de la directrice, et par les mains du régent. On procède aux autres dans les assemblées du soir, ou l’on fait descendre dans les prisons, si le cas le requiert. Est-il question de la peine de mort ! la coupable est à l’instant garrottée, jetée dans un cachot, et c’est à l’heure des orgies que se fait son exécution : mais dans ce cas il arrive quelque chose d’assez singulier : dès que le sujet est condamné, le régent qui lui-même vient de prononcer la sentence d’après la loi qu’il met sous les yeux de l’individu coupable, passe sur-le-champ chez la directrice avec l’accusé, et en jouit toujours une bonne heure avant que de le faire descendre en prison ; il n’y a pas, disent ces scélérats, de jouissance pareille à celle d’un être condamné à mort, et c’est sur-tout pour son juge ou son bourreau, que cette jouissance est sans