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son de ce libertin. Grand ennemi du faste et de la somptuosité, absolument dans les principes d’Épicure, notre singulier personnage prétendait que, pour conserver long-tems sa vigueur, il fallait manger peu, ne boire que de l’eau, et que, pour qu’une femme devint promptement féconde, il fallait de même qu’elle ne prît qu’une nourriture saine et légère ; en conséquence, jamais Bandole ne faisait qu’un repas composé de quelques végétaux, et ses femmes deux, où jamais il n’était servi que des légumes et des fruits. Il est certain qu’avec ce régime Bandole jouissait de la meilleure santé, et ses femmes d’une étonnante fraîcheur ; elles pondaient comme des poules, et il n’y avait pas d’années que chacune d’elles ne lui donnât au moins un enfant. Voici d’ailleurs quels étaient les procédés de ce paillard : Dans un boudoir préparé à cet effet, se trouvait une machine sur laquelle la femme mollement étendue et vigoureusement garrottée, présentait à ce libertin le temple de Vénus au dernier degré d’écartement possible ; il enfilait, on ne bougeait pas : cette clause, d’après Bandole, était la plus essentielle à la consommation de l’acte ; et ce n’était que pour l’obtenir plus sûrement,