Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/175

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cuisses, l’excitant de la bouche ; quelquefois elles lui servent de siége, ils s’asseyent dessus leur visage ; ou bien, étendues sur la table à manger, on leur enfonce des bougies dans le derrière, et elles tiennent lieu de flambeaux ; d’autres fois, pendant le souper, les moines les placent toutes les douze dans les attitudes les plus bizarres et les plus luxurieuses, mais en même-tems les plus gênantes ; si elles perdent l’équilibre, elles risquent, ou de tomber, comme tu l’as vu, sur des épines étalées près de là, ou dans des cuves d’eau bouillante, qu’on a soin d’y placer : souvent le cruel résultat de ces chûtes est de s’estropier, de se tuer, de se brûler, de se rompre les membres ; et pendant tout cela les monstres se réjouissent, font débauche, s’enivrent à loisir de mets délicieux, de vins délicats, et des plus piquantes luxures.

Oh ! ciel, dit Justine en frémissant d’horreur, peut-on porter plus loin le délire et la dépravation ? peut-on se livrer à de tels excès ? — Il n’y a rien que n’entreprennent des hommes sans frein, dit Omphale ; une fois qu’on ne respecte plus la religion, qu’on s’est accoutumé à braver les loix de la nature, et à vaincre les remords de sa conscience, il n’est