Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus d’horreurs qui ne s’entreprennent ; ce sont, ma chère, de cruelles vérités, dont la fréquentation de ces hommes perfides ne cesse de me convaincre chaque jour. — Quel enfer ! — Écoutes, mon enfant, tu es encore loin de savoir tout.

L’état de grossesse, révéré dans le monde, est presque une certitude de réprobation parmi ces infâmes : j’ai déjà touché cette corde dans le sixième article des punitions. Cet état ne dispense ni des peines encourues par les délits dont je t’ai tracé le tableau, ni des gardes. Il est, au contraire, un véhicule aux peines, aux humiliations, aux chagrins. C’est, comme tu sais, à force de coups, qu’ils font avorter celles dont ils ne se soucient pas de garder le fruit, et, s’ils le recueillent, c’est pour en jouir ; ce que je te dis ici doit te suffire pour t’engager à te préserver de cet état le plus qu’il te sera possible. — Mais, le peut-on ? — Sans doute, il est de certaines éponges… mais si Antonin s’en apperçoit, on n’échappe point à son courroux ; le plus sûr est d’étouffer le mouvement de la nature, en démontant l’imagination ; avec de pareils monstres, le procédé n’est pas difficile.

Aucun moine que le régent de fonction et