Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’histoire des réceptions emporte d’autres formalités dont tu seras également témoin, et qu’il est inutile de te détailler. Y en eut-il plusieurs arrivées à-la-fois, on n’en reçoit jamais qu’une ; et c’est dans les soupers ordinaires que se font les cérémonies à-peu-près semblables à celles dont tu fus toi-même la victime en entrant ici.

Et les moines, dit Justine, varient-ils aussi ? Non, répondit Omphale ; il y a dix ans que le plus nouveau est ici ; c’est Ambroise. Les autres y sont depuis quinze, vingt et vingt-cinq : il y en a vingt-six que Severino y est. Ce supérieur, né en Italie, est proche parent du Pape, avec lequel il est fort bien[1]. Ce n’est que depuis lui que les prétendus miracles de la vierge assurent la réputation du couvent, et empêchent les médisans d’observer de trop près ce qui se passe ici. Mais la maison était montée comme tu la vois quand il y arriva ; il y a plus de cent ans qu’elle existe sur le même pied, et tous les supérieurs qui y sont venus, ont conservé des privilèges

  1. Nous verrons, dans la suite de cette histoire, les raisons pour lesquelles il ne doit point paraître étonnant que Pie VI fût bien avec un libertin tel que Severino.