Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/188

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et des arrangemens aussi nécessaires à leurs plaisirs. Severino, l’homme le plus libertin de son siècle, ne s’y est fait placer que pour y mener une vie analogue à ses goûts ; et son intention est d’y maintenir l’ordre que tu y vois aussi long-tems que cela sera possible. Nous sommes du diocèse d’Auxerre ; mais que l’évêque soit instruit ou non, jamais nous ne le voyons paraître. Personne, en général, n’approche de cet asyle que vers le tems de la fête, qui est celle de la Notre-Dame d’août : il ne paraît pas, excepté cela, dix personnes par an dans cette maison. Si quel-qu’étranger se présente, le supérieur a soin de le bien recevoir ; il en impose par des apparences de religion et d’austérité. On s’en retourne content ; on fait l’éloge du monastère ; et l’impunité de ces scélérats s’établit ainsi sur la sottise du peuple et sur la crédulité des dévots, inébranlables bases de la superstition.

Indépendamment des meurtres horribles dont tu viens de me dévoiler les circonstances, arrive-t-il quelquefois, dit Justine, que ces scélérats demandent un sujet pour l’exécuter dans leurs chambres ? Non, dit Omphale, ils ne peuvent guères exercer qu’ensemble le