Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/208

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ou versera une larme, sera sur-le-champ soumise à tel supplice que bon semblera à la rage de ce scélérat.

Armande et Lucinde reçoivent sur le dos le même nombre de coups qu’il vient de donner à Justine ; il baise cette dernière, et sur la bouche et sur toutes les parties qu’il a molestées ; puis, levant ses verges : Tiens-toi bien, coquine, lui dit-il ; tu vas être traitée comme la dernière des misérables. Justine reçoit à ces mots cent coups de suite, appliqués du bras le plus nerveux, et qui meurtrissent toute la partie du dos, jusqu’à la chute des reins inclusivement ; il vole aux deux autres, et les traite de même. Les malheureuses ne prononçaient pas une parole ; leurs physionomies seules peignaient le cruel état de leur ame, et l’on n’entendait d’elles que quelques gémissemens sourds et contenus. À quelque point que fussent enflammées les passions du moine, on n’en appercevait pourtant aucun signe encore, il se branlait par intervalles, mais rien ne dressait. Oh ! foutre, disait-il, j’ai trop déchargé au supplice de cette garce, que nous avons martyrisée ce soir ; je lui ai fait des choses uniques, mais qui m’ont épuisé ; je ne banderai jamais, c’est fini ; et se rapprochant