Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/211

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gorge, mon père ? — Oui, sur ces deux masses horribles, qui me répugnent… que je déteste et qui ne m’inspirèrent jamais que la cruauté ; et il les serrait, il les comprimait violamment en disant cela. — Oh ! mon père, dit Justine en pleurant, cette partie est si délicate ! vous me ferez mourir ! — Que m’importe ! pourvu que je me satisfasse ; et il débute par cinq ou six coups, que Justine pare avec ses mains ; furieux de cette défense, Clément saisit les bras de Justine, et les lui attache derrière le dos, en lui ordonnant de se taire… de ne pas prononcer une seule parole. La malheureuse n’a plus que ses larmes… que les mouvemens de sa physionomie, pour implorer sa grace ; mais un pareil scélérat, et sur-tout quand il bande, est-il sensible à la pitié ? Il appuie fortement une douzaine de coups sur les deux seins de cette pauvre fille, que rien ne garantit plus. D’affreux cinglons s’impriment aussi-tôt en traits de sang ; l’excès de la douleur arrache à Justine des pleurs, qui, retombant en perles sur ce sein déchiré, rendent cette délicieuse fille mille fois plus intéressante encore. Le fripon baise ses larmes, les lèche, les mêle, avec sa langue, aux gouttes de sang que verse sa fé-