Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/218

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hommes ne comprendront jamais qu’il n’est aucuns goûts, quelques bizarres, quelques criminels même qu’on puisse les supposer, qui ne soient le résultat de la sorte d’organisation que nous avons reçu de la nature. Cela posé : je demande de quel droit un homme osera exiger d’un autre, ou de réformer ses goûts, ou de les modérer sur l’ordre social ? de quel droit même les loix qui ne sont faites que pour le bonheur de l’homme, oseront-elles sévir contre celui qui ne peut se corriger, ou qui n’y parviendrait qu’aux dépens de ce bonheur que doivent lui conserver les loix ? Mais desirât-on même de changer de goûts, le peut-on ? Est-il en nous de nous refaire ? Pouvons-nous devenir autres que nous ne sommes ? L’exigeriez-vous d’un individu contrefait ? Et cette inconformité de nos goûts est-elle autre chose au moral, que ne l’est au physique l’imperfection de l’homme contrefait ? Entrons dans quelques détails ; l’esprit que je te reconnais, Justine, te met à portée de les entendre :

Deux irrégularités, je le vois, t’ont déjà frappée parmi nous : tu t’étonnes de la sensation piquante, éprouvée par quelques-uns de nos confrères, pour des choses vulgairement