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de formes qu’elle a de différens modes ; et d’après l’effet reçu sur cette imagination par l’objet, quel qu’il soit, elle se détermine à l’aimer ou à le haïr ; si le choc de l’objet apperçu la frappe d’une manière agréable elle l’aime, elle le préfère, bien que cet objet n’eut en lui aucun agrément réel ; et si cet objet, quoique d’un prix certain aux yeux d’un autre, n’a frappé l’imagination dont il s’agit, que d’une manière désagréable, elle s’en éloignera, parce qu’aucun de nos sentimens ne se forme, ne se réalise qu’en raison du produit des différens objets sur l’imagination, rien d’étonnant, d’après cela, que ce qui plaît vivement aux uns, puisse déplaire aux autres ; et réversiblement que la chose la plus extraordinaire et la plus monstrueuse trouve des sectateurs… L’homme contrefait trouve aussi des miroirs qui le rendent beau.

Or, si nous avouons que la jouissance des sens soit toujours dépendante de l’imagination, toujours réglée par l’imagination, il ne faudra pas s’étonner des variations nombreuses que l’imagination suggérera dans ces jouissances, de la multitude infinie de goûts et de passions différentes qu’enfanteront les divers écarts de cette imagination ; ces goûts, quoi-