Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/225

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affecte est nul pour lui, et s’il n’est ému que de ce qui vous répugne ? Quel est l’homme qui ne réformerait pas à l’instant ses goûts, ses affections, ses penchans, sur le plan général, et qui n’aimerait pas mieux être comme tout le monde, que de se singulariser s’il en était le maître ? Il y a l’intolérance la plus stupide et la plus barbare à vouloir sévir contre un tel homme ; il n’est pas plus coupable envers la société, quelques soient ses égaremens, que ne l’est, comme je viens de le dire, celui qui serait venu au monde borgne ou boîteux ! Et il est aussi injuste de le punir ou de se moquer de celui-ci, qu’il le serait d’affliger l’autre ou de le persiffler. L’homme doué de goûts singuliers, est un malade ; c’est, si vous le voulez, une femme à vapeurs histériques ; nous est-il jamais venu dans l’idée de punir ou de contrarier l’un ou l’autre ? Soyons également justes pour l’homme dont les caprices nous surprennent ; parfaitement semblable au malade ou à la vaporeuse, il est comme eux à plaindre et non pas à blâmer : telle est au moral l’excuse des gens dont il s’agit ; on la trouverait au physique avec la même facilité sans doute, et quand l’anatomie sera perfectionnée, on dé-