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être indifférent que cet objet soit heureux ou malheureux, pourvu que lui soit délecté ; il n’y a véritablement nulle sorte de rapports entre cet objet et lui. Il serait donc fou de s’occuper des sensations de cet objet aux dépens des siennes ; absolument imbécille, si pour modifier ces sensations étrangères il renonçait à l’amélioration des siennes ; cela posé, si l’individu dont il est question est malheureusement organisé, de manière à n’être ému qu’en produisant, dans l’objet qui lui sert, de douloureuses sensations, vous avouerez qu’il doit s’y livrer sans remords, puisqu’il est là pour jouir, abstraction faite de tout ce qui peut en résulter pour cet objet. Nous y reviendrons. Continuons de marcher par ordre.

Les jouissances isolées ont donc des charmes, elles peuvent donc en avoir plus que toutes autres. Eh ! s’il n’en était pas ainsi, comment jouiraient tant de vieillards, tant de gens ou contrefaits ou pleins de défauts ? ils sont bien sûrs qu’on ne les aime pas, bien certains qu’il est impossible qu’on partage ce qu’ils éprouvent ; en ont-ils moins de volupté ? desirent-ils seulement l’illusion ? entièrement égoïstes dans leurs plaisirs, vous ne les voyez occupés