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douter et qui blâment stupidement ceux qui légitiment leurs actions par de bons principes, et cela, parce que l’Univers est plein de statues organisées, qui vont, qui viennent, qui agissent, qui mangent, qui digèrent, sans jamais se rendre compte de rien.

Les plaisirs isolés, démontrés aussi délicieux que les autres et beaucoup plus assurément, il devient donc tout simple alors que cette jouissance, goûtée indépendamment de l’objet qui nous sert, soit non-seulement très-éloignée de ce qui peut lui être agréable, mais se trouve même contraire à ses plaisirs. Je vais plus loin : elle peut devenir une douleur imposée, une vexation, un supplice, sans qu’il y ait rien d’extraordinaire, sans qu’il en résulte autre chose qu’un accroissement de plaisir bien plus sûr pour le despote qui tourmente ou qui vexe. Essayons de le démontrer.

L’émotion de la volupté n’est autre, sur notre ame, qu’une espèce de vibration produite au moyen des secousses que l’imagination, enflammée par le souvenir d’un objet lubrique, fait éprouver à nos sens, ou au moyen de la présence de cet objet, ou mieux encore par l’irritation que ressent cet objet dans le genre qui nous émeut le plus forte-