Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/232

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ment ainsi notre volupté, ce chatouillement inexprimable qui nous égare, qui nous transporte au plus haut point de bonheur physique où puisse arriver l’homme, ne nous électrisera que par deux causes, soit en appercevant réellement ou fictivement dans l’objet qui nous sert, l’espèce de beauté qui nous flatte le plus, soit en voyant éprouver à cet objet la plus forte sensation possible ; or, il n’est aucune sorte de sensation qui soit plus active… plus incisive que celle de la douleur ; ses impressions sont sûres, elles ne trompent point comme celles du plaisir, perpétuellement jouées par les femmes, et presque jamais ressenties par elles ; que d’amour-propre d’ailleurs, que de jeunesse, de force, de santé, ne faut-il pas pour être certain de produire dans une femme cette douteuse et peu satisfaisante impression du plaisir ? Celle de la douleur au contraire n’exige pas la moindre chose ; plus un homme a de défauts, plus il est vieux, moins il est aimable, mieux il réussira ; à l’égard du but, il sera bien plus sûrement atteint, puisque nous établissons qu’on ne le touche, qu’on n’irrite jamais mieux ses sens, que lorsqu’on a produit dans l’objet qui nous sert, la plus grande impression pos-