Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/241

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mais ici l’abus même est un bien ; et plus un homme sage mettra mes systêmes en pratique, plus je lui garantis le bonheur, parce que le bonheur n’est que dans ce qui agite, et qu’il n’y a que le crime qui agite ; la vertu qui n’est qu’un état d’inaction et de repos, ne peut jamais conduire au bonheur, À ces mots Clément s’endormit.

Il va bientôt se réveiller, dirent Armande et Lucinde à Justine, et ce sera comme un furieux ; la nature n’endort ses sens que pour leur prêter, après un peu de repos, une bien plus grande énergie. Encore une scène, et nous serons tranquilles jusqu’à demain.

Et pourquoi ne profiteriez-vous pas de ce tems pour dormir aussi, dit Justine à ses compagnes ? Tu le peux, toi, ma chère, répondit Armande ; tu n’es point de garde ; place-toi, nue, près de lui, les fesses le plus près possible de son visage, et dors, il ne te dira mot ; mais notre devoir nous oblige, ma compagne et moi, de veiller ; il serait homme à nous égorger, s’il nous surprenait endormies ; personne ne l’en blâmerait ; c’est la loi du sérail ; ils n’en connaissent point d’autres. Oh ciel ! dit Justine, comment, même au sein du sommeil, ce scélérat veut que ce qui l’en-