Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/245

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femmes, à pareille école, perdant bientôt toute la retenue de leur sexe, ne peuvent, à l’exemple de leurs tyrans, devenir qu’obscènes ou cruelles. Le croirait-on ? Honorine avait tous les goûts d’un homme ; elle se faisait fouetter, enculer ; elle aimait la merde et les pets ; et la douce Justine fut obligée de se prêter à tous ces caprices avec la même résignation que si elle eût été dans la cellule d’un moine, ou à l’un de leurs soupers. On n’a pas d’idée de la quantité des luxures qui se célébrèrent dans ces secrètes orgies, dont Justine sortit plus fatiguée que si elle eût tenu tête à dix libertins. Un peu plus contente d’elle, la directrice la renvoya, moins en colère ; et Justine s’apperçut bientôt qu’il valait mieux se rendre digne de l’estime de cette sultane favorite, que de mériter son indignation.

Deux nuits après, elle coucha chez Jérôme ; elle y était seule, avec les deux filles de garde, Olympe et Eléonore ; la première de neuf ans, l’autre de treize. Quatre gitons de douze à quinze ans, et trois fouteurs de vingt à vingt-cinq complettaient les sujets destinés à cette infâme scène. Tu vois cette enfant, dit le vieux scélérat, en montrant Olympe à Justine ; eh bien, mon cœur, tu ne saurais ja-