Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/244

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leurs forces ; il les examina, vérifia soigneusement les vestiges de sa cruauté ; et comme il allait dire sa messe, elles rentrèrent au sérail.

La directrice ne put s’empêcher de desirer Justine dans l’état de souillure et d’irritation où elle la supposait : elle lui fit dire de passer chez elle ; Justine ne put s’en défendre. On allait servir le déjeûner ; une fille de la classe des Duegnes, âgée de quarante ans était avec la maîtresse du logis ; c’était la célèbre Honorine. On se rappelle que cette femme énergique, aussi belle que vicieuse avait commis un meurtre dans la maison, sans qu’il en fut rien résulté de fâcheux pour elle, les moines étant dans l’usage de ne jamais punir des crimes dont ils faisaient eux-mêmes leurs plus chères délices. Très-amoureuse de notre héroïne, elle desirait en jouir pour le moins avec autant d’ardeur que la directrice ; et toutes deux ne s’étaient réunies qu’à dessein de se satisfaire. La plus aveugle soumission fut donc prescrite à cette infortunée : les deux tribades s’en emparent ; et renchérissant l’une sur l’autre par leurs propos et par leurs actions, elles mettent cette pauvre fille à même de se convaincre que des