Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/265

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par méchanceté qu’on en invente, par elle qu’on en exécute ; l’homme patient et bon est une négation de la nature ; il n’y a d’actif que le méchant, et il n’y a de délicieux dans le monde que les fruits de la méchanceté, la vertu laisse l’ame en repos, le crime seul l’agace, l’irrite, la sort de son assiette, et la fait jouir, — Ainsi la trahison et la calomnie, les deux plus violens, les deux plus dangereux résultats de la méchanceté deviendront des délices pour vous ? — Je regarderai toujours comme tel tout ce qui acheminera le plutôt la ruine, le déshonneur, l’avilissement ou la perte totale du prochain, puisque ces outrages sont les seuls qui me délectent véritablement, et que le mal que je fais ou que je vois arriver aux autres est pour moi le chemin le plus sûr d’arriver au bien. — Ainsi donc, de sang-froid vous trahiriez l’ami le plus fidèle, vous calomnieriez le parent le plus cher ? — Avec plus de plaisir que des individus qui ne me seraient liés par aucune chaîne, parce que le mal alors serait plus grand, et que plus il est capital, plus la sensation qui en résulte pour nous devient délicate et fine ; mais il y a de l’art, des principes, une sorte de théorie nécessaire dans la