Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/283

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sa taille enchanteresse, me firent brûler, ainsi que je viens de vous le confier, du desir de voir, le plutôt possible, quelle était la différence de son corps au mien, et d’admirer ces différences, en lui faisant observer celles que la nature devait également avoir placé dans moi. Ne sachant trop comment expliquer tout ce que je sentais à ma sœur, je me déterminai à la surprendre plutôt qu’à la séduire : il y avait, dans le premier de ces modes, une sorte de trahison qui me divertissait. Je fis donc, pendant un an, l’impossible pour parvenir, sans jamais pouvoir en venir à bout. Je sentis alors qu’il faudrait me résoudre à des demandes ; mais j’y voulais toujours la teinte de la trahison ; je n’eus jamais bandé sans cela. Voici donc comme je m’y pris, La chambre de Sophie était assez éloignée de celle de ma mère, pour me permettre d’y essayer une tentative ; et, prétextant une incommodité qui me mit dans le cas de me retirer de bonne heure, je fus lestement me cacher sous le lit du délicieux objet de mes desirs, avec la ferme résolution de me fourrer dedans aussi-tôt que je l’y sentirais établi. Je n’avais pas pensé à l’extrême frayeur qu’une telle démarche allait causer à Sophie. On rai-