Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/286

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quille. Mais, puisque nous voilà réunis, évite-moi cette peine, Sophie ; il me semble que j’aurai plus de plaisir quand, ta main fera la besogne ; et, sans autre forme de procès, je place mon vit entre ses doigts ; Sophie le serre, elle m’embrasse. Oh ! mon ami, me dit-elle, il est inutile de te le cacher, il y a long-tems que je combine, comme toi, la différence qui peut exister dans les sexes, et j’avais, sans oser te le dire, la plus grande envie de t’examiner ; la pudeur m’en a empêché ; ma mère ne cesse de me recommander d’être sage… vertueuse… modeste ; et, pour établir toutes ces vertus dans mon ame, elle vient de me mettre entre les mains du vicaire de la paroisse, homme dur… revêche, qui ne me parle jamais que de l’amour de Dieu, et de la retenue qui convient aux filles ; et d’après de tels sermons, mon ami, si tu n’avais pas fait les avances, je n’aurais osé te parler de rien. Sophie, dis-je alors à ma sœur, en m’établissant dans son lit, chair contre chair, je ne suis ni beaucoup plus âgé, ni beaucoup plus instruit que toi ; mais la nature m’en a dit assez, pour me convaincre que tous les cultes, tous les mystères religieux ne sont que d’exécrables absurdités. Vas, mon ange, il