Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/288

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de cette liqueur enchanteresse, dont l’écoulement me faisait goûter d’aussi doux plaisirs. Nous éprouvâmes après, cet instant de stupidité, suite nécessaire des crises libidineuses, qui prouve par sa langueur à quel puissant degré l’ame vient d’être fortement émue, et le besoin qu’elle a de repos. Mais, à l’âge que nous avions alors, les desirs sont bientôt rallumés. O Sophie ! dis-je à ma sœur, je crois que nous sommes encore bien ignorans ; sois sûre que ce n’est pas ainsi qu’il faut goûter ce plaisir ; nous oublions quelques circonstances apparemment méconnues de nous. Il faut être l’un sur l’autre, et puisque tu es creuse, et que quelque chose s’alonge dans moi, il faut absolument que ce qui s’élève, entre dans ce qui est profond ; il faut que tous deux s’agitent pendant cette jonction, et voilà, sois-en bien certaine, tout le mécanisme de la volupté. Je le crois comme toi, mon ami, me dit ma sœur ; mais j’ignore où est ce trou dans lequel il faut que tu pénètres. Si je ne me trompe, si je suis les inspirations que la nature me donne, ce doit être celui-là, répondis-je, en enfonçant un de mes doigts dans le trou du cul de Sophie. Eh bien ! essaie, dit ma sœur, je te laisserai faire si je n’en éprouve