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m’inspiraient plus que du dégoût ? je répondis donc froidement à ma petite putain, que je n’imaginais pas que nous nous fussions trompés ; et que n’ayant suivi l’un et l’autre que les inspirations de la nature, il était impossible qu’elle eût voulu nous égarer ; que je croyais, au reste, qu’il était prudent de nous quitter ; qu’un plus long séjour dans sa chambre nous compromettrait sûrement, et que j’allais me remettre au lit ; Sophie voulait me retenir ; tu me laisses en feu, me dit-elle, je serai contrainte à m’appaiser seule. O Jérôme ! ne m’abandonnes point encore ; mais l’inconstant Jérôme avait déchargé trois fois, et quelque jolie que fût sa chère sœur, il lui fallait absolument un peu de repos, pour que l’illusion pût renaître.

L’engagement que j’ai pris de développer ici les plus secrets replis de mon cœur, ne me permet pas de vous taire mes réflexions : si-tot que je me vis seul, elles ne furent pas à l’avantage de l’objet qui venait d’éteindre mes feux. Plus de prestige, le charme était dissipé, et Sophie ne m’excitant plus, m’irritait dans un autre sens ; je rebandais, mais ce n’était plus pour fêter ses charmes, c’était pour les flétrir ; je dégradai Sophie dans mon imagination ; et