Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/324

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tems, avec un tel homme, je ne réussirai à me venger des plaisirs que ses deux enfans m’ont donnés. Je voulais les perdre ; et, loin de les entourer de cyprès, je les ai couronné de myrthes. Eh bien, continué-je, essayons, avec l’épouse de Moldane, ce qui n’a pu me réussir près de lui, et ne renonçons jamais sur-tout au rôle de traître qui me donne autant de plaisir.

Madame de Moldane, âgée de quarante ans, est une femme honnête, respectable, pleine de religion et de vertus ; je lui dévoilerai les odieux déréglemens de son époux et de ses enfans ; j’en exigerai d’elle à-la-fois et le secret, et la justice, et je réussirai sans doute… Il est pourtant un de ces individus que je ne voudrais pas perdre… Joséphine, non par amour, oh non, ce sentiment n’est pas fait pour approcher d’un cœur comme le mien ; mais Joséphine peut m’être nécessaire : je veux voyager, je la mènerai avec moi ; je ferai des dupes avec elle, et je m’enrichirai de nos communes friponneries. Bien vu, Jérôme, bien vu ; la nature t’a gratifié, Dieu merci, de tout ce qu’il faut pour être un excellent coquin : remplissons ses vues, agissons.