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Plein de ces idées, je vais trouver madame de Moldane ; et, après lui avoir demandé le plus profond silence sur les choses que j’ai à lui dire, j’arrache le voile, et lui raconte tout. J’ai été contraint de prêter mon ministère à toutes ces horreurs, madame, poursuivis-je ; j’étais menacé des peines les plus cruelles, si je n’obéissais : votre époux abusait de son crédit pour me forger les fers ; ma vie même était menacée, si je m’avisais de vous prévenir. Oh ! madame, mettez ordre à cela ; l’honneur, la nature, la religion, la vertu vous en font un devoir sacré. Retirez vos enfans du précipice où les désordres de leur père sont prêts à les plonger : vous le devez au monde, à Dieu, à vous-même ; tout retard deviendrait un crime.

Madame de Moldane, confondue, me supplie de la mettre à même de se convaincre, par ses propres yeux, des infamies dont je lui fais part : cela ne fut pas difficile. J’engage, quelques jours après, monsieur de Moldane à mettre le lieu de la scène dans la chambre de ses enfans ; je place son épouse au trou qui m’avait servi, qui avait servi à Moldane même ; et cette malheureuse femme put incessamment se convaincre de toutes les vérités que je lui